LE TEMPS DE MARQUER UNE PAUSE
RESUME

– Evergrande évite le défaut… pour l’instant
– Les entreprises se réjouissent de la hausse des coûts
– Les banques centrales des marchés émergents poursuivent la remontée des taux

PAIEMENT EFFECTUÉ César Pérez Ruiz
Directeur des investissements
Au tout dernier moment, le promoteur immobilier chinois Evergrande, hautement endetté, a versé le coupon d’une obligation libellée en dollars parvenue à maturité, évitant de justesse un défaut de paiement. Néanmoins, la situation n’est pas encore réglée puisque la prochaine échéance obligataire interviendra en novembre. De nombreux responsables chinois ont prononcé des déclarations rassurantes ces dernières semaines tandis que les autorités réglementaires ont intimé à certaines grandes banques d’accorder plus de prêts immobiliers d’ici la fin de l’année. Les bourses chinoises ont rebondi dans la foulée de ces interventions. Désireux de sonder le sentiment des investisseurs étrangers, le gouvernement chinois a émis pour 4 milliards de dollars d’obligations assorties de maturités allant de 3 à 30 ans. Les émissions obligataires ont été sursouscrites, preuve de la confiance des investisseurs internationaux. Cela étant, les inquiétudes demeurent autour de la croissance chinoise sur le long terme et nous sous-pondérons les actions chinoises en portefeuille.

Les entreprises américaines ont publié des résultats pour le troisième trimestre, globalement meilleurs que prévu jusqu’à présent. Les entreprises du secteur de l’énergie et les entreprises sensibles à la conjoncture économique ont largement contribué à la révision à la hausse des prévisions de résultats. En revanche, les résultats trimestriels des entreprises européennes sont généralement à la traîne. Les entreprises continuent à citer les pénuries d’approvisionnement et la hausse des coûts comme leurs plus grands défis. La capacité à compenser la hausse des coûts est et restera un facteur majeur de différenciation entre les performances des entreprises. Par conséquent, nous apprécions tout particulièrement les entreprises jouissant d’un pouvoir de fixation des prix. Dans le paysage politique européen, la coalition en feu tricolore qui se dessine en Allemagne devrait se traduire par une augmentation des dépenses vertes. Nous verrons si un accord pourra être atteint avant la COP26 (qui commencera le week-end prochain). Ces deux développements pourraient avoir des répercussions positives sur notre thème « Plan Marshall vert ».

Le fabricant taiwanais de semiconducteurs TSMC a fait part de son intention de construire un nouveau site de production d’une valeur de 9 milliards de dollars au Japon tandis que Toyota va construire sa première usine de production de batteries électriques aux États-Unis. Ces décisions témoignent d’une hausse des dépenses d’investissement des entreprises suite à la pandémie et confortent notre intérêt pour le thème « actifs physiques ». La semaine dernière, la banque centrale russe a surpris les marchés en rehaussant ses taux de 75 points de base (pb), une hausse plus forte que prévu. Il s’agit là du dernier exemple du cycle de hausses de taux dans lequel se sont lancées les banques centrales des marchés émergents ce qui a plombé les performances de ces marchés ces derniers temps. La banque centrale du Brésil devrait également relever ses taux cette semaine. Enfin, la résurgence des cas de covid dans certains pays pourrait pousser les gouvernements à adopter de nouvelles restrictions dans les prochaines semaines. Cela explique la hausse relativement contenue des taux longs ces derniers jours. Nous pensons toutefois que la Fed annoncera une réduction de ses achats d’actifs dans les prochaines semaines.

GRAPHIQUE DE LA SEMAINE : LA COURSE AU RESSERREMENT DES POLITIQUES MONETAIRES

L’inflation se révélant plus tenace que prévu, les investisseurs attendent avec anxiété les prochaines décisions des banques centrales. Les problèmes d’approvisionnement, la hausse des cours du pétrole et les pénuries de main-d’œuvre compliquent la tâche des responsables politiques, mais la tendance est à la hausse des taux directeurs dans les pays développés. Les investisseurs s’attendent à ce que les grandes banques centrales rehaussent leurs taux de 51 pb en moyenne l’an prochain. Les prévisions pour différentes banques centrales divergent mais le marché table généralement sur un resserrement important au cours des douze prochains mois.

MACROECONOMIE : A TATONS DANS LE NOIR

L’indice IHS Markit des directeurs d’achat (PMI) a confirmé un fléchissement d l’expansion de l’activité économique en zone euro en octobre. L’indice se maintient toutefois largement au-dessus des 50, seuil marquant la frontière entre expansion et contraction. Alors qu’il avait terminé le mois de septembre à 56,3, l’indice PMI Flash composite s’est replié à 54,3 en octobre. Il s’agit de sa troisième baisse mensuelle consécutive, due essentiellement à un ralentissement de l’activité dans le secteur des services. À l’inverse, l’activité économique a repris de l’élan au Royaume-Uni – l’indice PMI s’est hissé à 56,8 en octobre, son plus haut niveau depuis trois mois. Aux États-Unis, le PMI est également passé de 55,0 en septembre à 57,3 en octobre, avec une forte hausse de l’activité dans le secteur des services.

Il y a eu 1,6 millions de mises en chantier en septembre aux États-Unis, un chiffre en baisse de 1,6% par rapport au mois d’août, tandis que les permis de construire ont chuté de 7,7%. Les pénuries de main-d’œuvre et de matériaux de construction expliquent cette contraction de l’activité. Dans la foulée de la baisse des taux immobiliers intervenue durant l’été, les ventes de logements existants ont bondi de 7% en septembre par rapport au mois d’août. Elles restent toutefois inférieures de 2,3% à leur niveau d’il y a un an. La production industrielle a reculé de 1,3% en glissement mensuel aux États Unis en septembre, la plus forte baisse depuis février dernier.

L’indice des prix à la consommation (IPC) au Royaume-Uni a progressé de 3,1% en rythme annualisé en septembre, après une hausse de 3,2% en août. Cela étant, la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires devrait pousser l’IPC britannique à la hausse dans les prochains mois. L’indice PMI pour octobre révèle une hausse des coûts des intrants et des extrants sans précédent depuis la création de l’indice IHS Markit en 1998.

MARCHÉS : UN CONTEXTE COMPLIQUÉ
Les bons résultats trimestriels et les prévisions optimistes des entreprises ont eu raison des inquiétudes liées au ralentissement de l’économie, permettant au S&P 5001 de terminer la semaine dernière en hausse. L’indice américain a progressé de 1,66% (en USD) sur la semaine, faisant mieux que le Stoxx Europe 600, qui a gagné 0,56% (en EUR). Cela étant, quand bien même certains indices européens ont terminé la semaine en légère baisse (à l’image du FTSE 100 ou du DAX 30), la performance du Stoxx Europe 6002 depuis le début d’octobre lui a permis d’effacer les pertes subies mois dernier.

By Action Future

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