Nicolas Chéron, Responsable de la Recherche Marchés pour Binck.fr

L’adage « Sell in may and go way » aura rarement sonné aussi juste que cette année avec un recul de 6000 milliards de dollars pour la capitalisation boursière mondiale et de 7% pour l’indice français. Tensions commerciales entre Chine et Etats-Unis puis entre Mexique et Etats-Unis, tensions entre l’Italie et la Commission européenne et craintes de ralentissement économique mondial sont venus à bout des espoirs jusqu’ici haussiers sur le marché action, faisant ainsi progresser les marchés de taux et les actifs refuges que sont l’or, le Franc suisse ou encore le Yen.

Ce mouvement de « flight to quality* » a également eu un impact pour les dettes souveraines faisant plonger le 10 ans allemand, le Bund, en territoire toujours plus négatif et à un record historique (- 0.2%). Les investisseurs semblent désormais prêts à payer un intérêt pour être en sécurité, c’est dire à quel point la confiance règne.

Il faut dire que la macroéconomie n’a pas été clémente ces dernières semaines : PMI manufacturier inférieur aux attentes et de nouveau sous 50 points en Chine, sans parler de la baisse des ventes au détail et des investissements en infrastructures, forte hausse des inscriptions au chômage en Allemagne ainsi qu’une chute de 2% des ventes au détail, révision à la baisse de la croissance américaine au second trimestre par la Fed d’Atlanta à 1.2%, chute libre des ventes de semiconducteurs à travers le monde… L’accumulation de données inférieures aux attentes a engendré une nette appréciation des craintes de ralentissement économique mondial la semaine passée et fait plier les indices boursiers (cf. nos récentes analyses sur l’importance d’alléger aux abords des 5600 points). De fait, la probabilité de voir la Fed baisser ses taux d’ici la fin de l’année 2019 selon les Fed Funds a littéralement explosé de 40 à 84% en l’espace de quelques semaines.

Graphiquement, à long terme, le CAC40 est repassé de la zone « Euphorie » à la zone « Espoir ». Espoir de deal entre la Chine et les USA lors du G20 fin juin à Osaka, espoir de Brexit ou non justement, espoir d’apaisement sur le front macroéconomique. Si ces espoirs voire des améliorations de ces dossiers venaient à se matérialiser les prix pourraient remonter vers les 5400 points cet été. A contrario, en cas de dégradation de la situation actuelle, d’accélération du VIX, l’indice pourrait de nouveau perdre pied sous les 5000 points, en direction de la zone « Ralentissement / Peur » sur le graphique ci-dessous, qu’il avait rapidement testé entre décembre et janvier dernier.

 

Graphique mensuel du CAC40 depuis 2014

Source : ProRealTime au 31 mai 2019

A plus court terme, la succession de plus hauts de plus en plus bas signifie tendance baissière et vendeurs aux manettes. Comme nous l’avons répété ces dernières semaines, il pourrait être urgent d’attendre pour l’investisseur avide de chasse aux bonnes affaires, la purge de la hausse spectaculaire de ce début d’année n’est peut-être pas terminée.

Deux objectifs baissiers ressortent et attireront notre attention dans les séances à venir :
– La zone des 5050 points, report du segment AB à partir du point C, seuil conjugué aux 50% de retracement de toute la hausse depuis les 4600 points
– Les 4800/4900 points, si la situation dérapait, objectif théorique d’une formation en Epaule Tête Epaule dont nous avons cassé la ligne de cou la semaine passée
A la hausse, il faudrait que les cours dépassent les 5350 points pour neutraliser la dynamique en place et la suite dépendra en grande partie de Donald Trump, et du G20. Le président américain est devenu un catalyseur clé des échanges avec ses attaques successives contre la Chine, le Mexique et l’Inde qui ont pesé sur les indices. Un volteface de ce dernier sur certains dossiers apporterait de l’oxygène aux indices, certes, mais faudrait-t-il pour autant se presser à l’achat ? Les indices vont-ils être porteurs pendant l’été ? Il n’est pas dit que les flux reviennent de sitôt sur les small et midcaps…

Graphique journalier du CAC40 depuis décembre 2018

Source : ProRealTime au 31 mai 2019

 

Quoi qu’il en soit il faudra rester vigilant et particulièrement sélectif dans les semaines à venir, comme vous avez pu le constater en mai, la volatilité peut se réveiller à tout moment, et nous avons toutes les raisons de penser qu’elle le refera dans les mois à venir au vu de la dégradation macroéconomique notable que nous continuerons de commenter.

 

* Phénomène de marché financier qui se produit lorsque les investisseurs vendent en grande quantité ce qu’ils perçoivent comme des investissements à risque plus élevé et achètent des investissements plus sûrs.

By Action Future

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