ACTION FUTURE 43 – Économie

Laetitia Baldeschi et Philippe Weber

Les tensions récentes sur le marché des dettes publiques européennes ont mis en lumière un certain nombre de différences entre les pays de la zone euro. En soi ce n’est pas si surprenant, puisqu’on peut observer plus que des nuances d’une région à l’autre d’un même pays. Mais d’autres écarts sont plus étonnants, d’autant qu’on aurait pu imaginer que l’introduction de l’euro réduirait ou supprimerait certains de ces décalages. Tentons d’examiner l’origine de ces divergences, en nous limitant aux trois plus grandes économies de la zone euro, Allemagne, France et Italie, quitte à citer quelques exemples frappants dans telle ou telle autre économie.

L’origine des divergences intra-européennes 
Le cas de l’Italie est tout particulièrement intéressant. À partir de l’été 2011, en effet, les investisseurs se sont montrés très inquiets sur la dette publique de ce pays ; de fait, le taux implicite des obligations d’État a, par moments, dépassé 7% (plus de 500 points de base au-dessus de l’Allemagne), au lieu de 4% avant la crise ; à ce niveau de taux, la dette aurait été rapidement insoutenable. Dette élevée, en effet : 120% du PIB. Mais dette pratiquement stabilisée depuis une vingtaine d’années ; l’Italie bénéficiait d’un léger excédent primaire avant la crise, et son déficit ne s’est pas énormément aggravé malgré l’ampleur du choc économique et financier – moins en tout cas que ceux de la France et de l’Allemagne.
Pourquoi cette défiance ? Il nous semble que les principaux problèmes ne sont pas la dette et le déficit (non qu’il faille les négliger, bien sûr), mais la croissance et le déficit extérieur. En effet, la croissance italienne est devenue extrêmement faible : le niveau du PIB est aujourd’hui à peine supérieur à celui de 2001, alors que la France a progressé de près de 20% et l’Allemagne d’à peine moins. Quant au potentiel de croissance (c’est-à-dire la croissance maximale possible à moyen terme sans provoquer inflation ni chômage), il est aussi très faible ; l’OCDE l’évalue à 0,5% par an, contre 1,5% en France ou en Allemagne (Graphique 1). Dans le même temps, alors que, il y a une quinzaine d’années, la balance des paiements de l’Italie dégageait un excédent courant assez significatif (2% du PIB), de même d’ailleurs que celle de la France, le pays souffre aujourd’hui, comme la France, d’un déficit courant (- 2% du PIB), qui s’aggrave depuis 5 ans. L’Allemagne, à l’inverse, légèrement déficitaire il y a quinze ans (c’était au lendemain de l’unification du pays), dégage aujourd’hui un excédent de plus de 4% de son PIB. Or, dans une situation de déficit courant, on est obligé de faire appel à l’épargne extérieure pour financer le déficit. Le jour où les non résidents s’inquiètent, ils partent : c’est ce qu’on a observé depuis l’été !

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