Par Mabrouk Chetouane, Directeur de la Recherche et de la Stratégie de BFT IM

La réunion du FOMC n’a fait l’objet d’aucune surprise en matière de taux d’intérêt.

Jerome Powell a annoncé une baisse de 25 pb portant le taux des fonds fédéraux à une fourchette comprise entre  1.5% et 1.75%. Il n’en est pas de même concernant la future communication du Chairman de la Fed qui concentrera toutes les attentions.

Et pour cause, la banque centrale américaine est attendue sur deux aspects : les baisses de taux effectuées jusqu’à présent et qualifiées « d’ajustement de milieu de cycle » vont elles se poursuivre ? Quelles sont les perspectives de politique monétaire pour l’an prochain ?

 

La Fed aura baissé à trois reprises son taux directeur invoquant un ajustement de milieu de cycle. Le ralentissement graduel de la croissance économique observée aux Etats-Unis milite à ce stade  pour un assouplissement mesuré et temporaire des conditions monétaires et non pour un cycle de baisse durable des taux directeurs. La résilience du marché du travail (faiblesse du taux de chômage) et la publication de la performance de croissance au T3.19  (+1.9% en glissement annuel soutenu par la consommation publique et privée) sont autant de signes que l’économie américaine est encore loin d’une récession qui justifierait une intervention plus marquée et durable de la Fed. En outre, le communiqué de presse publié par la Fed ne laisse guère de doutes  sur les intentions du FOMC pour la fin de l’année. En indiquant par ailleurs que la politique monétaire est adaptée aux conditions économiques, dans un contexte de réchauffement des relations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, le gouverneur de la Fed signale implicitement qu’il ne sera pas nécessaire de procéder à une quatrième baisse de taux en décembre prochain.

 

Les perspectives pour 2020 sont toutes autres. Le ralentissement de l’économie américaine devrait en toute logique se poursuivre voire s’accentuer en 2020. L’investissement des entreprises, qui constitue la croissance de demain, ralentit et les créations d’emplois montrent également des signes d’inflexion. La progression du PIB devrait se situer en dessous de son niveau potentiel (estimé entre 1.8% et 2.0%) ce qui engagerait la Fed vers un cycle de baisses de taux qui prendrait cette fois-ci la forme d’un assouplissement de politique monétaire classique en phase avec une détérioration des conditions économiques. Ce nouvel épisode de politique monétaire accommodante pourrait démarrer à la fin du premier trimestre de l’année 2020. Il reste à savoir si la Fed ne serait pas tentée de mobiliser des outils non-conventionnels de politique monétaire pour appuyer son action sur l’économie d’outre Atlantique.

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